Marine Le Pen se remet en selle pour 2012
La candidate du Front national a présenté samedi son projet pour l'Élysée devant un millier de militants.
Marine Le Pen a présenté son projet présidentiel samedi 19 novembre à Paris. © Humberto de Oliveira / Le Parisien
Dans une salle parisienne comble, la lumière s'éteint subitement et une musique digne d'un Walt Disney retentit. Les paris sont lancés, certains croient même reconnaître la bande originale du dessin animé Spirit, l'étalon des plaines. Les quelque 1 000 personnes réunies à l'Équinoxe en ce samedi après-midi n'assistent pas à une séance de cinéma... mais à la présentation du programme de Marine Le Pen, leur candidate à la présidentielle. Sous les acclamations, la présidente du Front national monte sur le podium et se lance alors dans un discours de plus d'une heure. "Il est temps de faire renaître l'esprit de la France et de redonner la parole au peuple !" répète-t-elle en boucle. Dans la salle, aucune trace du logo du FN. Les militants - munis de bracelets vert fluo et de pin's clignotants "J'aime Marine" - applaudissent chaudement.
La candidate frontiste déroule une trentaine de mesures phares destinées à "rétablir l'autorité de l'État face aux puissances de l'argent, aux communautarismes, aux féodalités et à l'effondrement de la morale publique". Marine Le Pen défend ainsi la création d'un ministère de la souveraineté chargé de renégocier les traités européens, le recours systématique au référendum, l'instauration d'un scrutin proportionnel à toutes les élections, la mise en place d'un septennat non renouvelable, ou encore la sortie du commandement intégré de l'Otan.
Suppression du regroupement familial
Pourfendant l'Union européenne et l'euro - ce "dogme suprême" -, Marine Le Pen prône la nationalisation des entreprises des secteurs stratégiques, la nationalisation partielle et temporaire des banques le temps de la crise et l'instauration d'un protectionnisme libéral avec des droits de douanes et quotas d'importation aux frontières nationales. Quant à l'immigration, Marine Le Pen entend la réguler en supprimant le regroupement familial ou encore en baissant le nombre de demandeurs d'asile admis à rester dans l'Hexagone.
Voilà pour les grandes lignes. Car pour le moment, il n'est pas question de chiffrer ce projet présidentiel. Florian Philippot, directeur de campagne du FN, explique au Point.fr : "On attend le projet de loi de finances. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y aura aucune mesure coûteuse dans notre projet." D'ailleurs, à la direction du FN, la perte du "AAA" - cette note qui permet à la France d'emprunter sur les marchés à des taux d'intérêt très bas - est déjà considérée comme acquise. Le FN a donc prévu de présenter le chiffrage de son projet le 12 janvier en même temps qu'un plan de désendettement de la France. Une manière de faire durer la séquence "projet" et de garder des cartouches pour la suite.
Tour de France
Pour occuper le terrain et aller à la rencontre des Français, Marine Le Pen entend mettre les bouchées doubles. La députée européenne - qui stagne autour de 19 % d'intentions de vote - a prévu désormais d'effectuer un déplacement thématique par semaine. Samedi 26 novembre, elle sera dans l'Yonne à la rencontre de la filière viticole. Un premier meeting est déjà au programme : ce sera le 11 décembre à Metz. Après un voyage aux États-Unis en novembre, la candidate frontiste devrait aller en Russie début janvier. Côté coulisses, on s'active pour démarcher les banques et financer la campagne présidentielle, dont le coût est estimé à neuf millions d'euros. Au FN, l'excitation est palpable. "Avec la crise, tout peut arriver. Marine Le Pen peut décrocher l'Élysée. D'ailleurs, l'histoire de France est une longue succession de fractures", insiste Louis Aliot, numéro deux du parti.
Enfin, reste la question des 500 parrainages d'élus exigés par la loi pour se présenter à la magistrature suprême. En 2002, Jean-Marie Le Pen les avait obtenues de justesse. Soucieuse de s'éviter des frayeurs de dernière minute, Marine Le Pen a donc décidé de s'attaquer au problème à bras le corps. Lundi, elle a prévu d'envoyer un courrier au Premier ministre François Fillon pour réclamer l'anonymat des parrainages. Un message qu'elle répètera le lendemain au congrès de l'Association des maires de France (AMF) qui se tient à Paris.